Mon GR10, par fK

Étape 14 : Luchon / Melles

L’étape en chiffres

31,6 km (pour 30,8 annoncés)

2 060 m de dénivelé (pour 1 965 annoncés)

Étape « moyenne » (50,5 équivalent-kilomètres prévus)

Départ 07h42, arrivée 16h07

7h09 de marche effective et 1h16 de pause (temps « topo-guide » 12h15, temps prévu 7h21)

Tracé GPS J14

Le journal de l’étape2 étoiles

La nuit a été bonne, longue, mais je serais évidemment bien resté encore un peu au lit quand le réveil sonne. Il reste encore quelques courbatures, mais les efforts et l’eau vont vite en avoir raison.

Derniers préparatifs, petit déjeuner avec la crème miracle sport déjeuner emportée depuis Toulouse spécialement à cet effet, et l’aventure redémarre.
Dans les rues de Luchon, avant 8h, il n’y a guère que les curistes pour déambuler sur les allées d’Etigny, leur sac en bandoulière, en direction des thermes.

Premier arrêt après même pas cent mètres. Le téléphone bipe, il a trouvé une Freebox et internet. La boîte d’envoi se vide, celle de réception se remplit, dernier contact avec la civilisation numérique avant… je ne sais pas trop quand. Et peu m’importe !

DSC08294 - Un panneau GR dans Luchon

C’est reparti !

Et à 7h58, le GPS vibre : « Parcours détecté »
Ça y est, m’y revoilà, la balise blanche et rouge est devant moi, je suis à nouveau sur le GR, et je ne le quitterai plus jusqu’à la plage à Banyuls.

Au passage de l’aérodrome, j’ai un frisson, celui du départ et de l’excitation de l’aventure. Il est bien trop tôt pour qu’il y ait âme qui vive, et seuls les oiseaux sont témoins de mon émotion.

Après Juzet, on quitte enfin le bitume pour attaquer le sentier, direction Sode. Et la montée. Car le menu du jour est simple : 1 550 mètres de montée, puis autant de descente vers Fos !
Derrière moi, la vue sur les sommets et la neige. « Tiens, la Maladeta, déjà » pense-je. La table d’orientation de Sode corrige vite mon erreur, ce sont les 3000 du luchonnais.

Luchon et les sommets vus depuis Sode

Je dépasse un randonneur isolé, avec des surchaussures orange fluo et deux bidons sur le devant, façon trail, puis un couple étranger.
Et dans une forêt après Artigue (1), ce sont deux écureuils qui me saluent… ou plutôt qui fuient en grimpant prestement en haut d’un arbre à mon approche !

10h15, il est temps de s’équiper pour le soleil. Je sors donc du sac mitaines, casquette, lunettes et le buff prêt à être trempé et posé sur ma tête et mon cou pour me rafraîchir quand la chaleur se fera plus forte et que je croiserai un ruisseau. Le rituel est maintenant bien établi depuis l’année dernière.

En arrivant sur une crête, je crois voir des crânes posés ça et là. En m’approchant, ce ne sont que les blocs de sel laissés pour les troupeaux que je reconnais.
Mais pour compléter le tableau d’une planche façon Lucky Luke, un rapace vient tournoyer autour de ma tête avant le col. Hé, oh, non, pas tout de suite, je ne comptais pas y passer pendant cette odyssée ! Non mais…

La crête rejoint une borne frontière, la numéro 398.
S’y sont arrêté deux retraités qui me proposent des fruits secs. Je m’arrête, et nous discutons un moment. De mon aventure, de leurs randonnées ici et là (ils doivent avoir près de 80 ans, je suis épaté par leurs périples), du GR qui se balade, des plus beaux points de vue du coin. Une rencontre sympathique comme en permet ce sentier.

On enchaîne les bornes frontières sur la crête. J’ai une pensée pour Lionel Daudet et son DodTour, le tour de la France au plus près de la frontière : voilà au moins une section facile où il aura pu avancer sans « bartasser » ou sans escalader !
La borne 401 est au sommet du pic de Bacanère (2 193 m), le clou de la journée. La vue y est magnifique, et cette fois sur la Maladeta, l’Aneto et sur les 3 000 du luchonnais, mais c’est infesté de mouches et d’insectes volants en tout genre qui forment une nuée autour de moi.
N’ayant pas mon Baygon Jaune, et aucune intention de l’utiliser de toute manière, je prends rapidement quelques clichés et un peu de distance.

La vue depuis le pic de Bacanère

Le panorama se mérite, mais il vaut les 1 550 m de montée

Un peu plus loin un gros rocher se lève à mon arrivée et détale.
Tiens, les brebis font dans le camouflage, maintenant…

Le col d’Esclot d’Aou (3) marque la séparation entre les vallées : au revoir Luchon, bienvenue au Val d’Arran. Et c’est donc parti pour une longue descente, abrupte malgré les lacets, dans les bruyères.
A la cabane des Courraux (4), il y a un autre visiteur (qui monte), mais pas le berger. Je continue encore un peu et m’arrête en lisière de forêt pour manger (5). Mais il reste plus de la moitié des courses prévues pour ce midi après mon repas !

La descente continue le long d’un ruisseau, puis dans l’écoulement du ravinement. C’est technique, peu agréable. Mais il faut faire avec.

Ensuite revient la forêt. Le topo-guide annonce 40 lacets. Tiens, comme au col de Pailhères, pendant l’Ariégeoise. Je pense à Thierry qui dit qu’on irait parfois plus vite à pied que sur le vélo. Oui, là, en descente à pied, ça devrait être plus facile qu’en montant à vélo.
Mais ça prend quand même du temps… Beaucoup de temps…

Je finis par arriver à Fos, au canal EDF puis au rond-point (6). La route pour l’Espagne est déviée par le village. Pour travaux ? Non, non, pas du tout. Etat d’Urgence, sécurité, tout le trafic, et notamment les nombreux camions, doit repasser par le poste frontière…
Quelle hérésie ! Empêche t-on vraiment quoi que ce soit et augmente t-on vraiment la sécurité en se barricadant (en façade, qui plus est, il n’y a aucun filtrage à la douane) ? En revanche, ce qui est sûr, c’est que ça enquiquine tout un village de faire passer les poids lourds sous leurs fenêtres.

Je reconnais le lavoir de Fos, lieu de départ de la course Fos / Argut / Fos que j’avais faite l’an dernier. Mais là, chaleur oblige, il vit avec quelques enfants qui jouent dedans et s’aspergent gaiement.

Une dernière petite montée, et me voici arrivé à 16h15.
L’hôtesse n’est pas là, mais sa mère de 80 ans m’installe dans une jolie chambre et son petit balcon, m’annonçant qu’un cycliste est également attendu.

Après une petite sieste au frais, je rêve d’un coca, ayant déjà bu 4 litres d’eau, et je pars visiter le village, espérant que le bar de l’auberge soit ouvert. Las, c’est exceptionnellement fermé aujourd’hui.
Je dois donc tuer le temps, en attendant le repas, n’ayant rien d’autre à faire que de contempler le paysage.

Notre hôtesse comblera cependant mon envie de sucre en nous proposant muscat ou blanc doux à l’apéro (et je ne refuserai pas sa proposition de nous resservir), avant de nous régaler d’une salade, de côtes d’agneau avec des pommes et pommes de terre sautées, de fromage local et d’un saladier de mousse au chocolat… qui y passera. Avant de finir sur le petit Armagnac qui va bien. Hé bé, le régime sain du randonneur commence fort !
Quoi qu’il en soit, nous passons ainsi deux heures à table, le cycliste qui fait une demi-traversée dans l’autre sens et enchaîne plusieurs cols par jour, notre hôtesse et moi, à parler de l’élevage, de l’ours, des inondations et des dégâts de 2013.
J’apprends ainsi que la minute d’héliportage pour ravitailler les cabanes de berger dans l’estive où paissent les 1 400 bêtes du village coûte 23 €, et qu’il faut monter la bagatelle d’une tonne de croquettes pour nourrir les cinq patous et les trois chiens de troupeaux pendant les quatre mois d’estive !

L’hébergement : Chambres d’hôtes Pascale Fourquet2 étoiles

Pascale est directrice d’exploitation agricole. Comprendre qu’elle a 400 brebis, et les terres associées pour les nourrir et faire le foin.
Mais depuis 10 ans, elle accueille aussi les randonneurs et vacanciers de passages, dans de jolies chambres simples mais décorées avec beaucoup de goût. La salle de bain attenante était refaite et très moderne, et le petit balcon bien agréable.

Notre hôtesse, qui a mangé à table avec nous, c’est assez rare pour le noter, explique qu’elle ne peut pas suivre la concurrence des chambres d’hôtes modernes avec un spa, de grands écrans télé, etc. Mais a t-on vraiment besoin de cela quand on randonne en montagne, ou juste d’un lit douillet, d’une cuisine roborative locale et bien faite, et de compagnie agréable, c’est-à-dire de ce qu’elle nous propose ?

60 € : 40 € la nuit et 20 € pour le repas (vu sur le topo-guide). Pas de pique-nique.

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