Mon GR10, par fK

Étape 22 : Mérens / Bolquère

L’étape en chiffres

36,9 km (pour 35,6 annoncés)

2 085 m de dénivelé (pour 2 100 annoncés)

Étape « difficile » (56,6 équivalent-kilomètres prévus)

Départ 07h44, arrivée 17h40

8h37 de marche effective et 1h19 de pause (temps « topo-guide » 15h15, temps prévu 9h09)

Tracé GPS J22

Le journal de l’étape1 étoile

6h30. Branle-bas, crème solaire, préparation du sac… Le programme de la journée est conséquent, mieux vaut ne pas traîner au lit. A 7h00 pétantes, je suis dans la salle du petit déjeuner où je retrouve un couple qui part dans le même sens que moi et un groupe de retraités qui part faire les sommets.

Faut reconnaître, c’est du brutal

Il n’y avait ni pomme ni betterave, et je ne suis pas polonais, mais je prends les montées au petit déjeuner : 1 250 mètres d’un trait dès la sortie du gîte. C’est ce qu’on appelle un réveil musculaire sans échauffement, d’autant que la pente est forte dès le premier mètre.
Nous en avions discuté la veille avec le couple qui reprenait le GR après l’avoir laissé à Mérens l’année dernière… Pour une reprise… Il me faudra 30 minutes pour les reprendre, eux qui sont partis avant moi. Je les salue, leur rappelant que la mer nous attend : dans 5 jours pour moi, dans 12 jours normalement pour eux.

Le chemin suit le ruisseau jusqu’au fond de vallée, offrant quelques pelouses ça et là, puis tourne à droite, plein sud, dans un autre cirque qu’il faut monter.
Le silence se fait d’un coup : une fois le virage amorcé, plus de bruit d’eau, juste le silence de la montagne. La pente qui s’était calmée le long du ruisseau remonte, et le soleil dépasse les sommets et me chauffe de ses rayons. Petit arrêt sur un lac qui se montre au tout dernier moment, et j’arrive à la porteille des Bésines (1).

Je dois reconnaître publiquement ici que j’ai fanfaronné la veille au dîner. A la question de savoir combien de temps il me faudrait pour y arriver, j’avais répondu « 2 heures » (contre 4h45 annoncées par le topoguide, NDLR). Or j’ai mis très exactement 123 minutes… Pardon pour ces 3 minutes qui me valent de m’être vanté !
Il m’en faut 26 de plus pour arriver au refuge des Bésines (2), qui, à 10 heures passées, s’est vidé des randonneurs de la nuit et où je ne trouve que les gardiens en train de passer la serpillère, de faire la caisse. Je profite de ce moment de calme pour m’offrir un coca en terrasse avec la vue. Le refuge annonce que tout est héliporté à 40 € / min de vol… A mon avis, ils se font avoir : Pascale parlait de 23 € pour emmener les croquettes aux Patous !

Je repars dans de gros blocs de pierre. C’est déjà un terrain moins pratique.
Au fond de la vallée, je dépasse, ou plutôt je dépose sur place un ado et ses parents, ses derniers étant quasiment à l’arrêt à chaque pierre.

Et puis je vois le col… Ah non, il en reste. Cette fois c’est bon… Ah non, toujours pas. Voilà donc un de ces cols qui n’arrive jamais, chaque replat ne faisant que masquer la montée suivante. J’arrive à un névé qu’il faut traverser (sans difficulté), puis j’en vois d’autres à côté. Et petit à petit, l’altimètre monte quand même, et enfin il affiche la bonne cote.

2 470 mètres. Voici le col de Coma d’Anyell, point culminant de cette seconde moitié de parcours. Adieu l’Ariège, me voici dans les Pyrénées Orientales, dernier département sur les cinq du parcours. Petit SMS pour partager ça avec ma catalane préférée.

Qui dit col dit changement de vallée, et comme souvent, changement complet de paysage. Voici un immense replat herbeux, et des lacs.
Je croise pas mal de monde dans la descente, et notamment une famille où tout le monde est en train de se mettre en maillot de bain pour se tremper dans une mini-cascade. Et moi qui suis avec mes manches longues, mes mitaines, mon pantalon et ma casquette à rabat… Le contraste est cocasse entre moi qui n’expose que mes bouts de doigts au soleil et eux qui ne cachent que le minimum.

L'Estany de LanósVoici l’Estany de Lanós. Ou plutôt ce qu’il en reste, tant le niveau de l’eau paraît bas par rapport aux flancs. Le réchauffement climatique se voit partout…
Après un passage sur le plat herbeux, on tourne à une cabane, et ça remonte vers la portella de la Grava (4), dernier col du jour. En revanche, je fulmine contre les temps de parcours annoncés par le guide : tu parles d’1h15, il m’en faut 1h05, alors que pourtant je ne traîne pas. Je double notamment tout un groupe qui a l’air d’avoir du mal à s’élever. Mais quand je vois la taille de leur sac, je me dis qu’ils font sans doute partie de ceux qui emportent la moitié de leur garde-robe « au cas où »…

L'Estany de LanósLa bascule au col offre à nouveau un autre paysage. C’est chouette, les étapes variées.
La descente est très rapide jusqu’au ruisseau. En revanche, après, ça se complique… C’est un long, très long léger faux plat descendant, qui n’en finit pas. 6,5 km pour atteindre le lac des Bouillouses (5). A mesure que l’on se rapproche du lac, il y a plus de monde. Et les bonjours commencent à rester sans réponse. Fini le respect entre randonneurs qui se saluent, voici les touristes et les promeneurs.

L'EstanyolAu lac, je trouve un rocher avec la vue. Il est 14h30, c’est largement l’heure pour pique-niquer dans ce petit coin parfait. Du monde qui est parfait pendant deux minutes trente, jusqu’à ce que deux grands-parents s’installent dans « ce petit coin de paradis« , comme ils le désignent à leur deux petits-enfants, sans se rendre compte que parler fort et laisser les petits crier en fait un enfer.

Le topo-guide parlait de longer la rive du lac « sur un sentier très fréquenté ». Soit j’ai la chance de tomber sur un jour mort, soit il faut qu’ils viennent d’urgence au Lac d’Oô… Certes je croise du monde, mais cela reste tout à fait supportable.
Le passage au bord du lac passe d’ailleurs bien plus vite que celui le long du ruisseau, alors qu’ils sont tout deux annoncés pour la même durée (mais l’un avec le double de distance de l’autre) dans le topo. A mon avis, la personne qui a fait les calculs devrait acheter de meilleurs instruments de mesure !

Le lac des BouillousesLa foule est en fait concentrée sur le barrage (6). La présence d’un bar / restaurant de chaque côté y est sans doute pour beaucoup. Et il faut s’extraire des parkings pour retrouver le calme, sur un replat herbeux digne d’un green de golf tant le gazon est parfait.
Un dernier petit lac, l’Estany de la Pradelle, agrémente le parcours, et revoici la forêt. Mais ce ne sont plus des hêtres, place aux pins et aux herbes, ce qui fait que l’odeur est radicalement différente des forêts ariégeoises. En revanche, c’est tout aussi long. Le guide annonce 11 km, et en effet, ça n’en finit pas.

Sur la fin, on traverse la station de ski de Pyrénées 2000, en passant sous les télésièges, à côté des cahutes des téléskis, etc. Je suis heureux de voir que les pistes sont dans les arbres, et donc que le paysage n’est pas trop défiguré par les équipements.
Après Superbolquère, il y a un peu de route, et voici Bolquère. Comme je m’y attendais, je tombe immédiatement sur un plan de situation. Parfait. Je trouve où je suis, et regarde l’adresse de la chambre d’hôtes. Heu… Je vérifie, mais non, j’ai bien lu le plan : il me faut remonter à Pyrénées 2000 et refaire les 2 km sur la route, je suis passé devant la rue 30 minutes auparavant.
J’appelle mon hôtesse et je lui demande confirmation. En effet, j’ai parfaitement compris : je suis allé trop bas, la route sera le démarrage de l’étape du lendemain. Mais elle propose immédiatement de venir me chercher. Le parcours aurait été sur sentier, j’aurais peut-être décliné, mais bon, pour refaire du bitume, je préfère accepter sa proposition.

A l’arrivée, dès que je suis dans la chambre, je me connecte à internet pour lever une inquiétude qui restait depuis deux jours :

Transpyrenea à Goulier

Paulette a pointé à Goulier, en dernier, avant d’abandonner après le Valier… Mais me voilà rassuré, après une deuxième nuit, elle avait été retrouvée !

Pour le reste, la chambre d’hôtes est magnifique : un grand salon cosy, une chambre colorée, une grande salle de bain, un coin cuisine à disposition pour se faire un thé, tout y est. Je profite donc de ce moment de calme, avant que ne sonne l’heure de l’apéro, où notre hôtesse vient trinquer avec nous pour lancer la conversation et nous présenter : un couple de montpelliérains et leur benjamine, et deux hollandais avec leurs deux enfants et… un âne, loué pour la semaine et qui porte leurs affaires pendant qu’ils marchent.
Le repas se fait donc à moitié en français, à moitié en anglais. Quant aux enfants, ils n’ont pas de langue commune (l’une parle uniquement français, les deux autres seulement flamand), mais ils se comprennent parfaitement et gloussent de bonheur. En attendant, nous dînons de la salade de haricots verts et de betteraves, je finis le plat de tomate farcies (puis celui des gosses !) avec le riz, profite du plateau de fromage, partage le gâteau de riz. Avant de finir par une tisane.
Et pour la première fois en 22 étapes, je suis amené à évoquer le boulot du fait d’une question de la Montpelliéraine sur mon organisation pour concilier entraînements sportif et travail. Évidemment, ils sont complètement ébahis d’apprendre mon histoire… Et demandent l’adresse de ce blog pour venir y voir toute mon aventure. Un grand coucou à vous, si vous lisez ces lignes !

L’hébergement : Chalet l’Angélique

Certes, le prix est à la hauteur de la prestation. Mais la prestation est également à la hauteur du prix : chambre lumineuse et très colorée, lit tout neuf, salle de bains privative avec une douche immense, coin cuisine réservé aux clients de passage, grand salon plein de bouquins, magasines, cartes, guides de voyage, et hôtesse super sympa aux petits soins qui bichonne ses convives.

Un vrai cocon, on se croirait invité chez des amis.

65.70 € : 65 € la nuit en demi-pension en chambre individuelle + 0.70 € de taxe de séjour + 7.50 € de pique-nique  (vu sur le topo-guide).

La table du chalet l'Angélique

Une réflexion au sujet de “Étape 22 : Mérens / Bolquère

  1. Gontran Schockmel

    Bonsoir Franck, je fais avec des amis la traversée du GR10, en 2013 en 6 étapes nous avons fait Hendaye Lescun, en 2014 en 5 étapes nous avons fait Lescun Barèges, en 2015 en 4 étapes Baréges Elye d’en haut (tendinite du releveur) et en 2016 en 7 étapes La Maison du Valier Méréns en Valls. Donc cette année nous faisons comme toi en 5 étapes Mérens à Banyuls . Nous avons fait pratiquement les mêmes étapes que toi mais toujours vers le 10 juin. J’aimerai bien avoir plus d’info sur ces 5 dernières étapes. Nous sommes de Bordeaux et nous sommes des amoureux des Trails. Amicalement Gontran
    PS: Je suis sur Facebook si tu veux me demander en ami Gontran Schockmel

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