Mon GR10, par fK

Étape 3 : Bidarray / Saint-Étienne-de-Baïgorry

L’étape en chiffres

19,1 km (pour 16,2 annoncés sans la variante)

1 077 m de dénivelé (pour 1 220 annoncés sans la variante)

Étape « facile » (28,4 équivalent-kilomètres prévus)

Départ 09h49, arrivée 16h59

5h11 de marche effective et 1h59 de pause (temps « topo-guide » 8h10, temps prévu 4h44)

Tracé GPS 03

Le journal de l’étape 3 étoiles

Un réveil en pleine nuit est toujours le signe d’un problème : cauchemar, bruit, chaleur, froid. Mais quand, une fois le cerveau rebranché, tous les voyants d’alarme du système digestif sont activés, c’est le signe d’une crise majeure…
Mayday, mayday, mayday… Par trois fois, je saute en urgence dans la salle de bains, et je rends des deux côtés toute l’énergie prévue pour le lendemain. Autant dire que le moral est en chute libre. Le nez dans la cuvette, je vois déjà mon aventure s’arrêter au bout de deux jours seulement. Après tout le battage que j’avais pu faire à droite et à gauche, cela ne serait pas une déception ou une désillusion, mais un vrai camouflet pour mon amour propre et un rêve brisé au moment du décollage.
Ceci étant, vu l’état, c’est clair, pas d’autre solution que le bus de 9h40 pour Bayonne dont un couple parlait à l’hôtel pendant mon dîner… Je me recouche au bord des larmes.

Au lever, peu avant 9h, le haut va un peu mieux. Je vais peut-être pouvoir faire du stop jusqu’à la prochaine étape, en attendant de me retaper pour pouvoir marcher.
Je descends au petit déjeuner. Évidemment, il est à l’image du reste de l’hôtel : un verre d’une boisson recomposée qui se prétend être du jus d’orange, un morceau de pain, du beurre et de la confiture d’abricot dans un ramequin, un croissant (correct). Je mange le croissant du bout des dents en buvant mon café que j’ai sucré bien plus que d’habitude : vu que le repas d’hier soir n’est pas dans mes muscles, il me faut un peu d’énergie.

Par chance, aujourd’hui, c’est ma journée la plus facile, mon étape la plus courte. Je l’avais prévue comme cela pour ne pas faire escale dans la populace de Saint-Jean-Pied-de-Port, et aussi pour que le corps puisse prendre l’habitude des efforts répétés avant d’enchaîner les étapes plus conséquentes.
Et comme les forces reviennent un peu, je décide finalement de partir à pied, avec la perspective de commencer par un bon cola frais que je pourrai acheter en haut du village au supermarché que j’ai aperçu la veille au soir. Finalement, les remèdes ne changent pas avec l’âge !

Le cola fait son effet : sous l’afflux de sucre sans doute, le corps s’autorise à marcher, et je pars donc sur le GR, ne changeant finalement rien à l’itinéraire prévu. C’est un chemin de crête, donc qui se mérite au prix d’une grosse montée initiale, mais avec du faux-plat (en fait, des montagnes russes), et une grande descente vers l’arrivée.
Je suis même optimiste un moment, car j’entame la montée sur un rythme pas si lent que cela, dépassant un groupe de trois avec leur chien. Les paysages, eux, sont à la hauteur : la crête sert de frontière, j’ai donc probablement une jambe et un bras dans chaque pays, et la vue est superbe sur les deux chaînes de part et d’autres. Après les collines du départ depuis Hendaye, cela fait plaisir de trouver un peu plus de montagne.

La vue depuis le pic d'Iparla

La vue depuis le pic d’Iparla, vers le côté français de la crête

Cependant, assez rapidement, la machine cale. Un couple me dépasse, puis une fille seule.
Je n’avance plus, et chaque pas commence à devenir difficile, et c’est une petite victoire que de les enchaîner. Sur le coup, je regrette d’avoir fait le mariole en partant quand même par le GR et pas par la route : allez donc faire du stop sur un chemin de crête ! Il faudra donc bien que je finisse, veut ou veut pas !

Vers 13h, au pic de Toutoulia, je pose toutes les affaires, je mange (toujours du bout des dents) une barre, et je fais une demi-heure de sieste, qui me fait un bien fou. Au réveil, un autre gars s’est arrêté à quelques mètres. Avec le recul, je pense qu’il voulait sans doute voir si j’allais bien. Il engage la conversation. Il fait le GR dans l’autre sens, donc son arrivée est proche. Très sympa, il me propose même des médicaments que je refuse, pensant que la crise est passée, et que seul le temps me requinquera. Nous parlons un moment, et il me conseille, au col suivant, de prendre la variante qui descend plutôt que de remonter au pic suivant avant de descendre : « les pierres sont humides, ça glisse ». De toute manière, vu mon état, j’étais également parti pour ne plus remonter trop.

La vue depuis le pic d'Iparla

Le pic d’Iparla, après la sieste

Une fois la crête quittée par un sentier raide, la descente se fait sur une piste forestière. Facile, mais sans vue. Je gagne en confort ce que je perds en paysage. Et j’arrive au « quartier » d’Urdos (ici on parle de quartier quand ailleurs on parlerait d’un hameau rattaché à Saint-Étienne-de-Baïgorry), où je retrouve une route.

La terrasse de l'hôtel Manechenea

La tonnelle de l’hôtel Manechenea

Tout à coup, un hôtel un peu perdu, avec une tonnelle magnifique. Je m’arrête immédiatement pour une pause des plus agréables, qui continuera à me requinquer. Un autre cola, un Perrier menthe… Ah… Du sucre ! Et de la fraîcheur et du repos.
Je profite longuement de l’instant, avant de repartir. Quelques kilomètres de grande route, où mon orgueil m’interdit de faire du stop : j’ai décidé de faire le GR, j’irai d’Hendaye à Luchon à la force de mes jambes, et c’est point. En revanche, un coup de fil d’Edwina tombe à pic. Du moins pour moi, car il fait passer un kilomètre ou deux bien plus vite, puisque pour elle qui voulait organiser un déjeuner avec moi et l’ancienne équipe, c’est moins facile !

Il me faut traverser tout Saint-Étienne-de-Baïgorry, en apercevant la fête du village et en passant sur le vieux pont, pour atteindre l’hôtel. Une petite sieste conclut cette journée compliquée, avant le repas en terrasse. Je prends l’assiette de crudités (j’avais envie d’une soupe, même !), puis une parillada de poissons très bonne mais présentée de manière inattendue dans une aumônière !

Et je suis au lit à 21h !

L’hébergement : Hôtel Juantorena2 étoiles

Excepté le fait qu’il est à la fin du village (donc au calme, certes, mais cela rallonge un peu pour le GR), une excellente pioche. La chambre était petite, mais refaite à neuf, et avec un très bon lit. La salle de bains était un peu plus vieillotte, avec un joli carrelage marron orange « so seventies ».

En revanche, petite vue sur la cour, sans problème de bruit, accueil sympa (au moment de partir, j’ai même eu droit à deux Smecta offerts quand j’ai raconté mes soucis), et un petit déjeuner plus complet que de coutume pour un hôtel français.

68,15 € : 60 € la nuit + 7,50 € de petit-déjeuner + 0,70 € de taxe de séjour
(trouvé et réservé via Boooking).

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