Mon GR10, par fK

Étape 6 : Logibar / La Pierre Saint-Martin

L’étape en chiffres

37,9 km (pour 31,8 annoncés)

2 228 m de dénivelé (pour 2 450 annoncés, mais je n’ai pas fait le col avant la station)

Étape « difficile » (56,3 équivalent-kilomètres prévus)

Départ 08h04, arrivée 17h35

8h03 de marche effective et 1h28 de pause (temps « topo-guide » 13h20, temps prévu 9h23)

Tracé GPS 06

Le journal de l’étape

J’avais mis le réveil à 6h30 (contre 7h ou 7h30 les autres jours) en prévision de la grosse étape au programme. Mais bien que couché à 20h45 la veille, j’ai bien envie de rester encore au lit. D’autant plus qu’il pleut encore à verse, reste de la perturbation et de tous les orages entendus et vus pendant la nuit. Je m’accorde donc une demi-heure supplémentaire sous la couverture.
Le petit déjeuner pour les « lève-tôt » est en autogestion à côté dans le gîte, où un plateau a été déposé pour moi la veille. J’y croise deux autres venus de la partie auberge, et un groupe de résidents de cette partie gîte.

Je suis prêt à 8 heures pile, mais une averse fait rage, donc j’attends qu’elle passe sous l’auvent. Cela fera toujours autant d’eau de moins à se prendre sur la cafetière. Et j’entends bien faire respecter ma petite étoile qui m’a fait dire pendant des années « Il ne pleut pas, je suis à vélo », et donc que ce soit la dernière précipitation de la journée. En attendant que ce grain passe, je discute un peu avec l’anglais aperçu la veille à l’autre bout de la table avec deux filles (là où une place libre n’attendait que moi), je lui traduis le bulletin météo qui passe à la radio à côté de nous, le rassure sur l’évolution prévue.
Je pars dès que la pluie cesse, avec le poncho tout de même, mais il protège plus l’appareil photo de l’égouttement des arbres que moi. Il va vite retourner à sa place au fond du sac.

Un arbre dans la brumeCe début d’étape remonte un canyon, en sous-bois, avec pas mal de cascades un peu partout. Et je comprends pourquoi il a tant plus cette nuit : pour les remplir d’eau et les rendre belles ! C’était aussi simple que cela (quoi, encore un cigare ?).
Je suis assez rapidement à la fameuse passerelle d’Holzarté, qui enjambe le canyon à plus de cent mètres de haut. Une grande inspiration, et je me lance, sans regarder vers le bas. Aux trois quarts, comme m’avait prévenu le guide, mes pas déclenchent une oscillation légère de tout l’ensemble… Mmmhhh, j’adore. Il est temps d’arriver en face !

Après la passerelle, le chemin est à plat dans la forêt. Mais ça n’avance pas, ou du moins, ça n’en finit pas. Une petite montée, et une route forestière, mais toujours le même constat de ne pas trop avancer, et des paysages un peu quelconques. L’étape s’annonce longue !
Un berger et son chienJe finis quand même par atteindre le col d’Anhaou, puis le cayolar (c’est une cabane aménagée pour les bergers) du même nom. Nous en avions parlé l’avant-veille à Kaskoletta, car c’est un point d’eau, le propriétaire ayant mis un grand panneau « eau de source, servez-vous » avec une flèche au-dessus d’un robinet. Je cède évidemment à cette invitation pour remplir mes bouteilles. J’en profite pour engager la conversation avec les trois hommes installés sur le muret devant le cayolar. Ce sont le berger local et deux compères. Je reste finalement un quart d’heure à bavarder. J’apprendrais notamment que le grand-père du berger actuel avait fait détourner le GR10 à son époque pour qu’il passe devant chez lui, pour pouvoir coller ses fromages dans les sacs des randonneurs de passage qui lui servaient donc de porteurs pour les descendre au marché d’en bas !

Passé ce très bon moment, s’en suit une longue descente sur la route, juste sous le plafond de nuages qui n’évolue pas trop. Et une fois en bas, c’est encore de la route, mais cette fois avec du trafic, jusqu’à Saint-Engrâce et sa jolie petit église romane.
J’en profite pour m’installer au café d’en face, qui me sert un énorme sandwich au saucisson que je dévore avec grand plaisir.

L'église de Saint-Engrâce

La météo est moins réjouissante : le plafond n’a pas bougé, je vais donc me retrouver dans les nuages peu après le début de la montée. Le topo-guide déconseille l’itinéraire normal dans ce cas, car le brouillard rend pénible la montée dans la forêt et totalement inutile le passage au col qui est plus haut que la station, si la vue est bouchée.
Je monte donc par… la route encore et toujours ! Cela devient un peu lassant !
Heureusement, un peu d’animation arrive avec un très grand groupe de cyclistes espagnols qui monte également (avec un véhicule de suivi, la totale, je me suis même demandé si ce n’était pas une course) et me double petit à petit. J’ai une pensée pour Thierry qui prétendait, lors de notre première montée dans les cols du luchonais, qu’il irait plus vite à pied à côté du vélo qu’à souffrir sur la selle. L’expérience montre que c’est faux et que même les plus lents des cyclistes du groupe m’ont repris, alors que j’avançais à mon rythme relativement bon pour un marcheur.

Plus haut je découvre pas mal d’inscriptions peintes sur la chaussée… Et une question me vient : la Pierre Saint-Martin n’aurait-elle pas été une étape récente du tour de France ? Un peu plus tard, cela me revient : mais oui, la fameuse victoire polémique de Froome avec ses rythmes extra-terrestres et sa mainmise sur le maillot jaune ! Il est vrai que j’avais raté le direct ce jour-là.

En attendant, je suis toujours dans le brouillard, particulièrement épais : je ne vois même pas les vaches dont j’entends les cloches tinter à quelques mètres seulement de moi.
Et de fait, une fois arrivé à la station, c’est toujours la purée. A tel point que je suis obligé de demander mon chemin jusqu’au refuge, alors que je sais d’après la carte qu’il est à moins de cent mètres de moi !
Le refuge vaut largement d’être découvert au dernier moment. Je suis accueilli par un hôte truculent (même s’il faut aimer son style un peu particulier), très direct, qui m’installe tout seul dans une chambre de quatre, et à qui je demande un thé pour me réchauffer et me réhydrater. Je le commence à l’intérieur, mais sors bien vite, car… le temps se découvre ! Les nuages se morcèlent, le soleil fait son apparition, et la vue apparait d’un seul coup. Le moment est magique (même si le meilleur est encore à venir).

Apéro au gîte Jeandel

Après l’effort, le réconfort

Je prends une bière après la douche, au soleil, dehors. Je mitraille et je spamme tous les toulousains !
Le repas se déroule dans une super ambiance : je suis à une table avec 7 autres personnes qui font le GR en individuel, et tout ce petit monde échange sur ses aventures passées, et sur les plans des étapes à venir. Nous reprenons trois fois de la soupe de tomates aux vermicelles, redemandons des spaghettis pour aller avec le bœuf bourguignon, partageons les fards landais maison. Un bon vrai repas roboratif pour les randonneurs !
Il est interrompu par notre hôte qui déclame le bulletin météo en provenance de la station automatique d’à côté. Cocasse et improbable !
Et pris dans l’ambiance, je suis un des deux seuls de la tablée de 19 à commander une eau-de-vie du pépé, qui mature avec un morceau de bois et des herbes au fond de la cave… et qui tient toutes ses promesses !

Le meilleur moment de la journée, qui sauve ce qui n’aurait été sinon qu’une étape inintéressante, arrive après le repas. En montant dans la chambre, je regarde par la fenêtre, et sors immédiatement avec l’appareil.
Nous sommes au-dessus de la mer de nuages, éclairée par les derniers éclats du soleil qui vient de se coucher. C’est superbe, et comme tous les autres occupants du refuge, je reste à profiter de la vue un long moment, avant que le froid qui se met à tomber ne nous pousse vers la chaleur de nos lits.

La mer de nuages à la Pierre Saint-Martin

Jean Ferrat avait bien raison : que la montagne est belle…

L’hébergement : Refuge Jeandel

Peut-être bien le meilleur hébergement de tout le séjour, rien que ça.

Un très grand chalet, refait l’an dernier suite à la tempête qui a emporté la salle de séjour. Des chambres simples avec des lits superposés et de la place pour poser ses affaires, une très grande salle avec le bois omniprésent, une cheminée et plein d’objet de décoration qui ne sont autres que des outils, des propriétaires super sympa (mais qui vont prochainement partir en retraite), des tables de pique-nique dehors sur l’esplanade qui sert de terrasse, et la vue sur toute la station et plus bas.
Ajoutez à cela des bières au frais, une cuisine de bonne qualité, le bulletin météo déclamé en plein repas, l’eau-de-vie pour finir le repas… Mais que demander de plus, au juste ?

34,00 € la nuit en demi-pension + l’eau-de-vie du Pépé en supplément (vu sur le topo-guide).

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