L’étape en chiffres
42,0 km (dont 2,1 pour descendre à Bolquère, mais pour 35,1 annoncés !!!)
2 261 m de dénivelé (pour 2 230 annoncés)
Étape « difficile » (57,4 équivalent-kilomètres prévus)
Départ 07h38, arrivée 18h46
10h03 de marche effective et 1h05 de pause (temps « topo-guide » 14h55, temps prévu 8h57)
Le journal de l’étape
Mon roadbook prévoyait une étape Bolquère / Py, et pas Pyrénées 200 / Py. Or les deux premiers kilomètres de bitume en descente, déjà fait la veille, me coûtent tout de même plus de 20 minutes. Ce qui fait que je démarre « pour de vrai » à 8 heures, heure plutôt tardive par rapport au menu… Ce sont les aléas du direct, comme on dit. Me revoici donc au boulodrome (1), puis dans le creux de vallée vers le col de la Perche puis à la Cabanasse (3).
Je n’avais jamais trop fait attention à la géographie de la Cerdagne et de a vallée de la Têt. Mais il y a bien une plaine venue de l’effondrement, allant de Perpignan à l’enclave de Livia et à Bourg Madame, et qui est très creusée (et qui explique la situation particulière du Canigou, qui est relativement élevé et surtout qui a trois côtés qui donnent sur des plaines). Du coup, me voici sur une grande plaine herbeuse, au milieu des champs, des ballots de foin, puis une sur ancienne voie romaine. Paysage inhabituel s’il en est.
De l’autre côté se trouve Planès, ses trois hameaux et sa jolie petite église, ainsi qu’un gîte écologique qu’au final je ne verrai pas mais qui fait sa pub à tous les coins de rue !
Chose inhabituelle également, je fais la montée suivante en étant totalement perdu dans mes pensées, alors que d’habitude j’étais complètement présent dans l’instant et avec tous les sens en éveil sur le bruit du vent ou de l’eau, l’odeur des arbres (ou la mienne), la vue sur les sommets ou le chemin.
Du coup je me retrouve au Pla de Cedeille (5) sans presque m’en rendre compte, et j’attaque le long aller / retour à plat en forêt pour aller chercher le fond de la vallée. Juste après le demi-tour, au refuge de l’Orry, un couple a pris la place parfaite pour un arrêt, alors je pousse un peu plus loin pour me poser et manger. Il est à peine midi, mais j’ai faim, donc je prends la moitié du grand pique-nique.
Une famille arrive : un sexagénaire en tête avec son chien, et plus loin trois femmes avec deux toutes petites filles. Le premier me demande à combien de temps se trouve le refuge. Ayant appelé mon ami le GPS à la rescousse, je lui réponds que je l’ai quitté il y a 8 minutes. Et lui de hurler à sa bande : « Allez, c’est à dix minutes !« . Mmmhhh… Dix minutes pour que deux enfants de deux ou trois ans montent (en faux plat) ce que j’ai descendu en huit ? Je coinche !
Une fois reparti, c’est un ado, qui devance de quelques minutes ses parents et son frère, qui me demande le temps restant pour Planès. Décidément, aujourd’hui, c’est journée renseignements. En revanche, il va au devant d’une déconvenue, parce que là, pour le coup, il reste encore un bon bout.
En attendant, le retour de la vallée me paraît plus court que l’aller. Virage à droite, et c’est partie pour la grosse montée du jour, vers les 2 367 m du col Mitja (7). D’abord dans les pierres, puis un faux plat en forêt, puis tout droit, en coupant sans cesse les lacets de la piste qui y monte aussi. En haut je trouve un troupeau de tondeuses à gazon éparpillées un peu partout, soit en mode coupe, soit en train de ruminer. Deux d’entre elles, installées à l’ombre d’un arbre près du sommet, détalent d’un bond au son de mon déclencheur d’appareil photo, pourtant pas bien bruyant. Pourquoi l’ont-elles pris ? Mystère…En attendant, la vue est belle sur toute la fameuse plaine.
Rebelote dans la descente sur les raccourcis qui coupent la piste. Mais c’est beaucoup moins à mon goût, cette fois. Et cela dure jusqu’en bas, jusqu’au refuge du Ras de la Carança, où je retrouve un couple, puis une famille de quatre hollandais, puis deux espagnols, deux français… Hé bé, il y aura foule à table et dans les dortoirs, ce soir.
Pour ma part, c’est juste l’heure de finir le pique-nique et notamment tous les fruits qu’il contenait. Je m’en régale, même si mon hôtesse de la veille a une petite tendance au sur-emballage, chacun étant dans son morceau d’essuie-tout et dans un petit sac.
C’est reparti : une petite montée, une petite descente, et la deuxième grosse montée du jour, jusqu’au col del Pal (9). Qui dit col dit bascule, et donc descente ensuite. Ah oui, mais pas là. Au lieu de cela, le sentier part à flanc en montée légère… On aura tout vu !
La descente arrive plus loin, dans de grands blocs de pierre qui sont autant de marches. Après 6 heures de marche, justement, mes jambes aiment beaucoup moins la séance d’escaliers. Mon coach, en revanche, serait sûrement content, pour mon entraînement.
Enfin j’aperçois Mantet… Mais c’est tout là-bas au loin. Et j’aperçois aussi le col qui est derrière et qui sera la cerise sur le gâteau du jour.
Il faut en effet un temps fou pour aller jusqu’au village. Mais qui récompense l’effort, car il est joli comme tout, avec pas moins de 5 ou 6 gîtes qui rivalisent tous d’enseignes et de panneaux pour inciter le randonneur à venir chez eux. Ah oui, mais moi, je continue jusqu’à Py, où les chambres d’hôtes étaient complètes mais où j’ai réservé une place au gîte. Il faudra revenir pour tout tester !
Après Mantet, on prend une ancienne route pour aller vers le col. Attiré par un poteau que je prends pour un panneau du GR (mais qui n’a rien à voir), je m’engage dans un cul-de-sac. Je croise deux randonneurs qui en reviennent, et qui donc ont fait la même erreur que moi, mais qui n’ont pas eu la gentillesse de me le dire, ce qui m’oblige à aller faire demi-tour au bout. Merci les copains, sympa.
Dans cette dernière montée, au milieu d’un parterre de fleurs magnifique, je me traîne comme un pépé rhumatisant. Du moins telle est mon impression, car le GPS affiche toujours un 600 mètres de montée à l’heure tout à fait correct.
Et voici le col, avec un panneau qui annonce encore 4,5 km pour Py. Car oui, dans les PO, allez savoir pourquoi, tous les panneaux donnent des distances, là où figurent des temps dans tout le reste de la chaîne. Les catalans font les intéressants, on dirait !
L’étape me paraît bien longue, cependant. Mais elle l’est : pour 35 km annoncés, je finis avec un marathon au compteur. Donc certes il y a eu 2 km de bonus au départ, mais ça fait quand même 15 % d’erreur sur la distance annoncée…
Sur le chemin, je tombe sur un panneau et une borne de la Méridienne Verte. J’ai toujours cru que ce projet, datant de l’an 2000, se basait sur le méridien originel de Greenweech. Mais le GPS est formel, je suis déjà par plus d’un degré de longitude est. Et renseignement pris par la suite, c’est en fait le méridien de Paris… Ah, le parisianocentrisme de la France… J’adore…
Au final, j’arrive super tard à Py (qui n’a rien à envier à Mantet), et plutôt fatigué. Au gîte, où la gardienne est en train de collecter les fonds. Je me déleste donc de… 10 € (!) avant d’aller dévaliser l’épicerie et dîner au restaurant qui est au-dessus (et tenu par le même couple).
J’ai une faim de loup, et je rends des assiettes prêtes à retourner au placard : assiette composée de charcuterie et de melon, coustelous avec patates au four, brousse au fruits et miel. Chose peu commune, mais signe de ma faim que décidément rien n’arrête, j’ai fini deux panières de pain, moi qui n’en mange quasiment jamais…
Et je remonte me coucher, juste avant les trois copains étrangers (russes ?) dont j’avais vu les sacs et qui dînaient à une table à côté. Les deux randonneurs français présents dans le gîte à mon arrivée sont eux déjà dans les duvets.
L’hébergement : Gîte d’étape de Py
Le gîte est à… 10 €, et on en a pour son argent. C’est sombre, un peu vieillot, un peu poussiéreux. Il n’y a que deux prises de courant au dessus des réglettes lumineuses des lavabos, les couvertures ont vu passer du monde, les matelas aussi.
C’est plus le confort d’un refuge non gardé de montagne. Mais bon, pour une nuit, c’est largement suffisant, surtout quand la fatigue fait que l’on s’endort sans souci.
Le restaurant, en revanche, vaut le détour. La cuisine est familiale, le menu unique, fait avec soin à partir de produits locaux. En revanche, le service est d’une lenteur adaptée aux visiteurs qui flânaient en terrasse, mais pas au randonneur isolé et affamé que j’étais. Plus de deux heures à table, c’est un peu long, même pour moi qui suis d’une lenteur légendaire !
38 € : 10 € la nuit au gîte communal, et 28 € de dîner et de petit-déjeuner au restaurant du village qui fait aussi chambres d’hôtes (vus sur le topo-guide).