Mon GR10, par fK

Étape 18 : Saint-Lizier d’Ustou / Refuge des étangs de Bassiès

L’étape en chiffres

32,2 km (pour 31,7 annoncés)

2 943 m de dénivelé (pour 2 790 annoncés)

Étape « difficile » (59,6 équivalent-kilomètres prévus)

Départ 08h28, arrivée 18h11

8h42 de marche effective et 1h01 de pause (temps « topo-guide » 13h50, temps prévu 8h18)

Tracé GPS J18

Le journal de l’étape1 étoile

Il n’y a as eu d’orages dans la nuit, mais au réveil, les nuages sont bas et les prévisions moroses.
Le petit déjeuner, lui, est à l’opposé de la météo : yaourt, céréales, jus d’orange bio (mais Lidl !), café tout chaud car le gérant a programmé la cafetière, tout ça change des simples tartines et du thermos. Et pour fêter ça, les trombes d’eau qui se sont mises à tomber pendant que je m’habillais cessent quand je démarre à 8h30.
Car je démarre.
Je me suis longuement posé la question de neutraliser l’étape, comme l’an dernier, mais cette fois en restant une journée complète à l’hébergement, tant il est bien. Je décide de partir parce que la météo suisse de notre irlandais annonce que ça va se lever progressivement, et parce que pour le moment il n’y a pas d’orages.

Je commence donc la montée en forêt. C’est la fête aux grenouilles très présentes, mais du coup pierres et terre glissent. Merci les arbres de me prêter leurs racines pour bloquer mes pas.

Je suis au premier col, celui de Fitté (1), en 1h08 pour 2h45, ce qui me ravit. Mais je déchante rapidement car la pluie arrive, m’obligeant à sortir la doudoune. Heureusement, les orages sont plus loin, je vois les nuages très noirs dans les autres vallées.
Trois minutes plus tard, l’eau devient glace et c’est désormais de la la grêle qui me tombe dessus. Puis le tonnerre gronde au loin, puis plus proche, plus à nouveau plus loin. A nouveau, la pluie, qui redouble. Je commence à être inquiet, car j’ai encore un col et une crête à passer avant d’être à flancs puis en descente, donc plus en sécurité à mon sens.
La montagne me rappelle que la situation peut devenir compliquée voire catastrophique en quelques minutes à peine. Leçon d’humilité face aux éléments.

Le ciel menaçant au col de Fitté

Les orages, c’est toujours mieux chez les autres…

Ouf, j’aperçois des gens devant. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me rassure. En plus, un morceau de forêt arrive, et je m’y sais en relative sécurité. Voici l’autre col, à partir duquel le GR fait le tour de la station de Guzet. Pour pas grand chose, voire pour rien, à mon avis, puisque c’est pour se retrouver proche du col, mais après avoir fait les trois quarts de tour d’un mamelon.
Je reprends les deux qui étaient devant moi, et qui sont étrangers (encore des hollandais ?), mais malheureusement au resto d’altitude ils ne me suivent pas, ne faisant pas le GR.
La pluie a cessé, mais ça tonne encore ça et là. Puis ça repleut quand je passe dans la forêt. Mon inquiétude varie à la vitesse de la météo… Au sortir de la forêt, les deux vont mieux. Je croise deux papis, auprès de qui je m’enquiers de la distance à une cabane annoncée dans le guide et où je me dis que je pourrai m’arrêter et attendre que cela se lève un peu. Mais ils n’ont rien vu d’autre qu’un vieux pont tout déglingué.
J’arrive effectivement au pont (qui ne méritait pas de tels qualificatifs), et je bascule de l’autre côté du torrent. C’est parti pour de la forêt, qui ruisselle de partout.

Le flash me surprend et me fige au sol, à la manière d’un lapin apeuré. Le tonnerre suit, mais paradoxalement, me fait moins peur que dans la matinée, alors qu’il est pourtant plus proche. Sans doute parce que mon cerveau a fait inconsciemment le calcul et qu’il sait que l’orage est tout proche, mais pas pile sur moi. A cent ou deux cents mètres…
Quoi qu’il en soit, le fait que cela dégage petit à petit et que le tonnerre soit moins fréquent m’avait rassuré. Ce coup par surprise sera finalement le dernier râle, sans incidence, de la météo capricieuse du jour.

Juste avant la cascade du Fouillet, je croise 6 ou 7 espagnols. Sans doute encore la Pass’Aran. Puis vient la Jasse du Fouillet (3), et le sentier monte à nouveau. Les tambours du Bronx rythment toujours mes pas, mais le concert est désormais au loin, donc ne m’inquiète plus.
Un de mes pas n’est pas aussi assuré que les autres. Je pars en glissage, et mon bâton droit a la bonne idée de se rétracter en freinant et accompagnant ma chute, plutôt que de plier et casser. Ah, que ferait-on sans du matériel de qualité ?

Me voilà au plateau du Souliou, et un rayon de soleil fête cette arrivée.
Je m’arrête en bordure du lac de Guzet (4), à l’abri d’un arbre, et en compagnie des milliers de têtards qui l’habitent. Une tente bleue est installée de l’autre côté, mais je ne verrai pas les occupants.
Il y a même un coin de ciel bleu pour mon pique-nique. Chouette !

L'étang de GuzetÇa repart en forêt et une fois au plateau de Gusalech, changement de programme : le ciel est tout bleu devant, et tout noir derrière. Puisque je fuis le mauvais temps, je range définitivement la doudoune, et je sors l’appareil photo.
Mais l’embellie est de courte durée : le nuage monte et me reprend. Tant pis, je ferai avec !

Je crois deux jolies libellules. Quel dommage, c’est hier soir au gîte qu’il y avait au mur un tableau des espèces locales…

S’en suit une longue courbe de niveau dans les caillasses. Du coup, je suis content de voir des fougères arriver. Mais en les traversant, elles me font cadeau de toute leur eau qui finit sur le bas de mes cuisses. Hé bien c’est l’occasion de voir si le nom du modèle de mon cuissard, « Dry », est usurpé ou pas. Il ne l’est pas, ça sèchera très vite.
Enfin je franchis la passerelle d’Ars (5), dans la brume. Dommage, ça semblait bucolique.
J’attaque une descente glissante dans les pierres. La montagne coule de partout, le sentier est devenu un ruisseau. Mais du coup, je suis accompagné par un bruit zen d’eau qui coule. C’est très chouette, et ça compensera le fait de n’avoir ni vu ni entendu la cascade d’Ars. D’ailleurs, autant le fait d’être dans le nuage m’empêche de voir, mais je suis surpris de ne même pas l’avoir entendue. Il faudra vraiment revenir !

Mais non, en fait, j’étais juste impatient.
Car le bruit arrive… et la cascade s’offre à ma vue.
En effet, elle est belle. Et grande. Et le GR, dans ce sens, est vraiment parfait : on la découvre au fur et à mesure, morceau par morceau, ce qui rajoute au spectacle et au plaisir. Allez, je confirme, c’est une des plus belles des Pyrénées.

Sans surprise, je croise une famille qui monte, puis une autre qui joue dans le ruisseau en bas. Voici en effet une belle balade, accessible même pour des enfants assez jeunes.
Le chemin devient d’ailleurs une autoroute, large et à faible pente. Finalement, je me dis que la météo maussade m’a évité une cohorte de touristes. J’ai donné l’an dernier au lac d’Oô, pas la peine de les collectionner !

Soudain le GR bifurque et quitte le chemin qui relie le parking à la cascade, et devient étroit, pentu et caillouteux. Hé oui, il y a une petite différence de clientèle, sans doute…
A l’embranchement d’Aulus (6), je range l’appareil. Car entre la forêt et le nuage, il n’y a pas grand chose à espérer…

Et c’est parti pour 1 200 m de D+ pour finir le programme de la journée en beauté. Je monte à un bon rythme en forêt, tandis que l’eau dévale toujours de partout.
Au parking des Coumebières (7), c’est fini pour la forêt, la montée continue à découvert, mais toujours sous le nuage. Je passe deux chevaux tout blonds, qui pourraient faire une pub pour du shampoing !
La montée se passe en zig-zag au dessus du plateau. À un moment ça découvre, je revois les chevaux tout en bas. Ça doit être beau, comme point de vue, quand c’est dégagé. Oui, je sais, il faudra revenir…

Plus d’orages, mais c’est côté matériel que les mauvaises nouvelles arrivent. Ma chaussure gauche est désormais pleine d’eau, je sens le pied faire « flic-floc » à chaque pas. Elle est rapidement suivie par la droite. Bon, allez, une grosse heure à tenir, et ensuite j’espère pouvoir faire sécher tout ça au refuge.
Dernier col, le port de Saleix (8). A partir de là, on prend la crête et on monte encore, raide. Puis dans les caillasses, plus ou moins à plat, mais évidemment c’est beaucoup moins pratique.
A l’étant d’Alate, je sais que l’arrivée approche. Un dernier coup de cul, et le refuge devrait être en vue.

Et en effet, soudain, les voilà : les lacs, le refuge, les ruisseaux. C’est tout simplement magnifique ! Et encore, le plafond est bas, et le plateau pas ensoleillé. Mais l’endroit est vraiment magique, et donne sa deuxième étoile à l’étape.

Le refuge et les étangs de BassièsLa dernière descente du jour est toujours trop longue, mais celle-ci l’est car elle compliquée, dans les cailloux. Je n’avance pas, et en plus le tonnerre revient. Heureusement que c’est beau, j’en profite quand même.
Et puis voilà. 18h15, calvaire fini. Me voici dans le refuge, au chaud, au sec.
« Est-ce que vous voulez boire quelque chose de chaud ou de froid ? »
« Oh, oui, bien volontiers. Un thé bien chaud avec beaucoup de sucre !!!« .

Je suis tout seul dans la grande salle, mais c’est l’effervescence chez le couple de gardien, leur fils et une copine venue aidée (avec son copain à elle) au sujet de l’arrivée du premier transpyrénéen. Où est-il, à quelle heure arrivera t-il, faudra t-il lui faire à manger ? Les contacts téléphoniques avec l’organisation se succèdent pour en parler.
En attendant, ils font une blague sur le repas et le fait qu’un coureur qui mangerait tout ne pourrait plus repartir. Cela me réjouit, car c’est parfait pour moi qui suis affamé et qui ne repartirai que demain !
En tout cas, c’est confirmé, je suis le seul client dans refuge de 56 places (un peu moins en réalité car des travaux sont en cours). Heureusement que j’ai réservé !
Le repas est en effet bien copieux : gros saladier de soupe avec légumes, vermicelles et viande, saucisse grillée et plein de patates, fromage et crème brûlée. Je rends tous les plats vides.

A 21h15 je suis couché, tout en haut du dortoir comme me l’a conseillé la gardienne, pour être moins gêné par le va et vient des coureurs. J’ai appris que le premier est déjà passé, pile au moment où j’entrais au refuge. En revanche, toujours pas de nouvelles du deuxième. Tant pis, pour moi, c’est l’heure d’aller voir Morphée et de reprendre des forces après cette journée éprouvante psychologiquement.

L’hébergement : Refuge des étangs de Bassiès2 étoiles

L’emplacement est tout simplement magnifique.
Et le refuge de 56 places, tout récent (il date des années 90) est tout ce qu’il y a de plus fonctionnel, mais reste accueillant.
L’accueil a été un peu en demi-teinte, mais sans doute parce que j’étais le seul ce soir-là, et que l’arrivée des coureurs de la TransPyrénéa focalisait les attentions.

Mais cela reste un bel endroit, et une superbe destination pour profiter du cadre.

38,65 € : 38 € la nuit en demi-pension + 0,65 € de taxe de séjour (vu sur le topo-guide).

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