Mon GR10, par fK

Étape 7 : La Pierre Saint-Martin / Etsaut

L’étape en chiffres

36,6 km (pour 29,8 annoncés sans l’aller-retour au col par lequel j’ai commencé)

1 491 m de dénivelé (pour 1 165 annoncés sans l’aller-retour au col par lequel j’ai commencé)

Étape « moyenne » (41,5 équivalent-kilomètres prévus)

Départ 08h09, arrivée 18h13

8h22 de marche effective et 1h42 de pause (temps « topo-guide » 13h10, temps prévu 6h54)

Le journal de l’étape

Pendant la nuit, je dois à nouveau courir vers les toilettes deux ou trois fois. J’ai peur un moment que les soucis reviennent, mais fort heureusement, c’est la dernière fois que cela arrive (et toujours la nuit, donc en hébergement et pas en pleine nature !).

Au réveil, la mer de nuages n’a pas bougé, et nous la dominons toujours. Du coup, je me dis que je peux commencer par aller au col, pas fait la veille, et profiter de la vue. Cela ne devrait même pas rajouter une heure au programme, donc ça doit passer.
Le petit déjeuner se passe dans un calme absolu, à l’opposé du dîner de la veille. Comme si chacun était déjà concentré sur son étape, sur les ascensions de la journée. Et puis tout ce petit monde se retrouve à faire la queue pour payer, et part au compte-goutte au fur et à mesure.
La borne 262 Je laisse donc mon sac à dos et part uniquement avec l’appareil et les bâtons à l’assaut du col. Cependant, c’est finalement assez décevant : certes je vois la borne frontière n°262 où chaque année le village paie un tribut de trois vaches aux espagnols, honorant un traité de… 1373 ! Mais la vue côté espagnol ne vaut pas le voyage. En revanche, pendant tout ce petit aller/retour, je profite de la mer de nuages sur la vallée côté français, et c’est toujours aussi beau.

Il est 9h quand je repasse au refuge, qui est tout calme et tout vide. C’est amusant de le voir sous un jour que les voyageurs de passage ne connaissent pas : Monsieur passe la serpillère pendant que Madame prépare une pâte, sans doute pour les gaufres proposées pour reprendre des forces à grands coups d’écriteaux. Le tout dans un silence de cathédrale.
Il est temps néanmoins de faire mes adieux pour de bon et de commencer vraiment mon étape. L’une des plus belles, mais ça, je ne le sais pas encore.

La mer de nuages vers le col Saint-Martin

Tout le début est très caillouteux, sur les plateaux calcaires fissurés et crevassés, typiques du coin, et qui font que l’eau est rare et chère car pompée sur 40 km à la ronde (et donc qu’on est prié de faire des douches de 3 à 5 minutes maximum au refuge). C’est beau, cela change, mais la progression est ralentie par le fait qu’il faut faire attention à deux fois avant de poser le pied sur une arête. Ça, c’était moins prévu !

Le GR poursuit au travers de la station de ski. Il y a quelques pistes en herbe, mais beaucoup sont des torrents de cailloux façonnés par l’homme. Dommage de ne pas laisser la nature tranquille, les paysages sont tellement beaux quand ils ne sont pas défigurés.
Peu après, c’est la bascule du pas de l’Osque, où il faut mettre les mains sur quelques mètres et passer au milieu d’un éperon rocheux, pour arriver dans un premier cirque. J’y rattrape le premier de mes compagnons de dîner, puis deux autres à peine devant. Il ne manque plus que la fille qui disait ne pas avancer trop vite, et que je ne reprendrai qu’à 14h, trois cents mètres avant le camping où elle comptait faire étape le soir !

Un autre col, très exactement un pas, celui d’Azuns, arrive, avec une vue superbe sur la vallée d’après et sur le pic d’Anie. Le chemin descend en lacet puis dans l’herbe jusqu’à une cabane de berger où je fais ma pause. Le berger est là, raconte aux passants l’histoire d’une brebis morte de blessure, et qu’il mange donc depuis deux jours.
Je profite de la source fraîche pour tenter une technique de régulation de température, en trempant mon buff dans l’eau et en le mettant comme un pirate. Technique très efficace, bien plus qu’en mouillant juste la casquette, et qui me servira sans cesse par la suite en ces temps de canicule.

La descente du pas d'Azuns

La descente dans la vallée est facile et agréable, mais relativement longue. Elle passe par deux refuge, qui doivent servir de colonie de vacances pour des petits (si j’en juge par les affaires) puis des ados (dont je croise quelques spécimens).
Et c’est l’arrivée à Lescun, très joli petit village au bas de la vallée, dont une fontaine sert de prétexte à une deuxième pause rafraîchissement.
La traversée du fond de la vallée jusqu’en face me paraît bien longue. En chemin, je trouve un pommier « à petites pommes », comme à Villers, chez mon arrière-grand-mère. J’en ramasse une, et c’est ma madeleine de Proust du jour !

Lescun

Il est 15h quand je me décide à pique-niquer au bord du ruisseau, sous un arbre, pour manger la boîte de thon achetée aux chalets d’Iraty. Je cherchais l’endroit parfait, je me contente d’un coin correct.
Et c’est le dernier raidillon : certes je ne mets qu’une heure à monter contre 1h55 dans le guide, mais ça démarre en plein soleil avant d’atteindre un bois, et il me faut une bonne pause en haut à côté d’un ruisseau pour me rafraîchir. Je n’en ai aucune idée sur l’instant, mais il fait encore plus de 35°C, donc cela n’a rien d’étonnant. Heureusement, la dernière descente est en sous-bois, car il y en a encore pour une heure et demie avant l’arrivée.
En bas le village de Borce est joli, notamment avec son église, Etsaut un petit peu moins, mais reste agréable.

Au gîte, il y a déjà deux filles dans la chambre quand j’y suis placé par la propriétaire. Isabelle « Florence » (elle a des airs de Florence Foresti, et en tout cas la même gouaille) la basque, et Béa la suissesse. Elles m’accueillent par LA question qui va poser les bases de notre relation éphémère : « Mais vous venez d’où, comme ça ? ». « Bah, de la Pierre Saint-Martin… ».
« Hein ? De la Pierre Saint-Martin ??? » s’exclame Isabelle, incrédule, et au bord de l’arrêt cardiaque.
A cet instant, je bascule immédiatement et irrémédiablement dans la catégorie des extra-terrestres, et mes « performances » sportives seront la base de nos échanges et de nos blagues. Je crois qu’elles n’en reviendront jamais.

L’apéro sur la place du village est agréable. La cuisine du dîner un peu moins, même s’il y a plein de fruits et légumes et de grands plats dans lesquels je me ressers plusieurs fois : des concombres et tomates, saucisses et merguez grillées avec un gratin de courgettes et des frites, et du melon.
Isabelle mène la conversation, et les 8 personnes à table racontent d’où elles sont originaires, et leur plan de marche, mais nous débattons surtout des accents et des attraits des différentes régions de France… et d’ailleurs.
Et tout le monde est couché avant le soleil. Il faut dire que demain, c’est une grosse étape… pour les randonneurs normaux qui n’en font qu’une par jour. Pour moi, qui pour une fois ne vais pas doubler la mise, l’étape est classée facile. Encore un prétexte que j’offre sur un plateau pour me faire chambrer gentiment !

L’hébergement : Gîte la Garbure

Le panneau de haut débit

Haute Aspe, haut débit !!!

Le nom est évocateur et le fait que le gîte soit également une auberge laissait augurer d’un dîner de grande qualité. Il n’en a rien été… Cuisine simple, voire simpliste, servie par une hôtesse dont on sent qu’elle pouvait être sympa, mais visiblement ailleurs mentalement ce jour-là et qui nous jetait les plats sur la table.
Dommage.

Sinon l’endroit est bien, au fond d’une petite rue, avec de grandes chambres sur deux niveaux, et deux immenses pièces, une qui sert de salle à manger, l’autre de salle en gestion libre pour les repas et pour lire, jouer ou autre. Et il y a le fameux wifi haut débit par satellite !

40,00 € la nuit en pension complète, avec le pique-nique à emporter le lendemain (vu sur le topo-guide).

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