Mon GR10, par fK

Étape 13 : Azet / Luchon

L’étape en chiffres

44,7 km (pour 41,0 annoncés)

2 974 m de dénivelé (pour 3 200 annoncés)

Étape « difficile » (73,0 équivalent-kilomètres prévus)

Départ 07h37, arrivée 20h07

10h20 de marche effective et 2h10 de pause (temps « topo-guide » 18h40, temps prévu 12h10)

Tracé GPS 13

Le journal de l’étape

Au fond de moi, j’ai toujours su que je ferai cette « triple » étape feu d’artifice pour finir. Certes j’attendais de voir comment mon corps se comportait en enchaînant les kilomètres horizontaux et verticaux, mais je n’avais pas pu me résigner à réserver un hébergement aux Granges d’Astau, juste à une vallée de Luchon.
Et avec le stock de sucres lents fait la veille, de toute manière, il était certain que j’allais cavaler !

Lever de soleil sur Azet

Azet dort encore, je marche déjà

Ceci étant, il y a quand même du chemin. Donc le réveil sonne tôt, et mon sac est déjà prêt. L’hôtesse m’avait proposé la veille de tout préparer pour le petit déjeuner si je voulais le prendre avant 8h. Je trouve donc installé dans la salle à manger un buffet de rêve : pain grillé, yaourts, compotes, céréales, reste du gâteau de la veille, fruits. Le café, même fait la veille ( ?) est encore chaud dans son thermos.
Dernier petit déjeuner, également en feu d’artifice.

Et c’est le dernier départ. Il ne déroge pas à la règle, ça monte directement dans les prés, comme presque tous les autres matins. Très rapidement, c’est le premier col. Le soleil dans les yeux, je tombe nez à nez avec la piste de l’altiport de Peyresourde qui est pile en face devant moi, de l’autre côté de la vallée. J’ai presque l’impression d’être aligné en finale avec mon avion, même si je suis très bas sur le plan pour une approche !

La piste de Peyresourde et la route du col

Fox Kilo, en finale pour la zéro neuf

La descente vers Loudenvielle se fait comme la montée, dans l’herbe. Et ce que je vois de la ville en la traversant est plutôt sympa : de belles maisons en pierre, bien entretenues, et le cachet de la montagne.

Les sommets vers la cabane d'OurtigaVient ensuite la deuxième montée, plus sérieuse, car plus longue que la première qui n’était qu’une mise en jambe. Le chemin est large et en terre, plan (donc pas besoin de faire le dahu, s’entend) et en pente d’environ 30%, si j’en crois mon fidèle GPS. C’est mon terrain de jeu favori, et je suis donc à 800 à 900 mètres de dénivelé à l’heure.
Au milieu de la pente se trouve Germ, que j’atteins après même pas 2h15 de marche. En effet, je confirme qu’il était hors de question de faire étape à même pas 10 heures du matin. Et que le groupe de quatre qui en parlait la veille va avoir une toute petite étape, même au rythme « standard » de 300 m à l’heure.
Un crâne de vache à côté d'un panneau GR Le chemin continue, en montant moins, pour faire le tour d’une colline. Je dépasse tout un groupe de personnes âgées, en espérant encore faire de la randonnée à leur âge. Puis arrive la cabane d’Ourtiga (de l’autre côté de la rivière). Des engins sont en train de couper et de tronçonner du bois, et le GR n’est plus qu’un souvenir, le sentier étant remplacé par endroit par les trouées des engins. Quant aux balises, j’imagine que certaines sont également passées à la coupe. Je fais une pause à mi-pente environ entre la cabane et le sommet du couret d’Esquierry, que j’atteins en 3h59, et avant midi, conformément à mon plan.
La descente commence dans la combe, donc à grande vitesse, et se poursuit dans un sous-bois très agréable. Ce qui fait que je ne découvre qu’au dernier moment le parking des Granges d’Astau.
Le parking aux granges d'Astau Horreur…
Au mois d’août, je sais qu’il est toujours plein, mais là, il déborde carrément et deux files de voitures garées remontent la route d’accès sur au moins trois cents mètres. Hé bé, ça promet, la montée au lac d’Oô.

Je vois passer un hélico bleu venir chercher une palette, et je pense que c’est celui de la Gendarmerie qui va ravitailler les refuges d’Espingo et du Portillon. En réalité, un panneau en bas m’apprendra qu’il monte des matériaux pour les travaux sur le barrage du Portillon. Et en revenant trois semaines plus tard, j’apprendrai aussi que c’est l’hélico de RTE. C’est vrai que le bleu de la Gendarmerie est plus foncé.
En attendant, je me mets les pieds à table à 13h00 pétantes, et après 5h07 de marche effective. La première étape du jour est bouclée. Pour fêter ça, je commande un cola, une bière, et deux plats : l’assiette montagnarde (avec de la charcuterie, du fromage, des pommes de terre sautées) et le plat du jour, un tartare, avec à nouveau les pommes de terre. Puis l’indispensable tarte aux myrtilles avant le café.
Je tombe sur un des autres signaleurs bénévoles du LAT (Luchon Aneto Trail) avec qui j’étais il y a un mois à peine sur les sommets espagnols. Nous papotons, je raconte mon périple, et il me propose de venir dormir chez lui pour éviter l’hôtel ou le gîte. Mais j’ai déjà mon toit pas cher, donc je décline l’offre généreuse.

Le moment tant redouté arrive, plus question de reculer en trainant à table.
Je sais depuis le départ d’Hendaye que cette montée au lac d’Oô, juste après le déjeuner et en plein mois d’août, sera un enfer, avec des touristes partout sur le sentier qui montent en tongs et sans eau.
Donc autant faire court, je range le Reflex dans le sac, et je monte « à bloc », quoi qu’en marchant et pas en courant. Non pas parce que la première étape m’a laissé un mauvais souvenir, mais parce que je sais que ce n’est que le début de la fin… 37 minutes plus tard, je suis au barrage du lac, je ressors l’appareil et me dit que le plus dur est derrière moi.
Grave erreur.
Il y a certes un peu moins de monde entre Oô et Espingo, mais il y a toujours plein de monde. Et surtout, le chemin n’est plus l’autoroute de trois mètres de large, mais un sentier standard. Or le touriste, ça n’a que faire des usages qui font qu’on laisse passer les gens qui montent, qu’on laisse doubler les plus rapides que soi, et qu’on remercie les gens qui nous laissent passer, dans un sens comme dans l’autre. Le touriste, ça prend toute la place, ça vient en groupe, ça piaille, et ça n’a que faire des randonneurs.
Au final, l’enfer dure 1h20, le temps pour moi d’atteindre l’énorme rocher qui sert de rond-point et où le GR part à flanc de montagne, délaissant la montée finale vers Espingo.

Enfin seul.
Je retrouve la quiétude de la montagne, et avec elle le plaisir de marcher. Et juste quelques rares autres randonneurs, qui marchent en silence et profitent de ce qu’ils voient, qui se saluent et qui se laissent mutuellement passer.
En parlant de vue, je ne me souvenais plus que cette portion (que je n’ai faite qu’une fois, en 2003), domine autant le lac d’Oô et offre de si belles vues. J’en profite donc pour mitrailler sous toutes les coutures ce lac que je croyais connaître par cœur. Et le sentier monte encore et toujours, de plus en plus fort, jusqu’au premier col. C’est l’étape feu d’artifice, ce serait dommage que cela soit plat !

Le lac d'Oô

Le lac d’Oô, vu de très haut

Entre la Hourquette des Hounts-Secs et le col de la Coume de Bourg, on pourrait croire à une ligne de niveau, mais là encore, ça ne cesse de monter et descendre. Une première fois, je crois atteindre le col, mais le timing ne colle pas du tout. En effet, c’est plus loin. La blague se répète une deuxième fois, avant qu’enfin je sois aux pieds du Céciré.
Les sommets au sud de SuperbagnèresA partir de ce point, on voit Superbagnères, et les lacets qui y montent. Photo dédicacée à Thierry avec qui j’avais tant souffert sur ces lacets dont on ne voit jamais le bout.
Mais là encore, quand je vois finalement le Grand Hôtel au loin, je me rends compte que ce n’était pas vraiment Superbagnères mais les bâtiments qui sont tout au bout de la station.
En revanche, j’arrive plus vite sur la station que dans mon souvenir de 2003 où j’avais trouvé que ce bout n’en finissait pas. Ceci étant, mon souvenir n’était pas si faux : une fois sur les premières pistes de la station, il y a encore un sacré bout avant d’être vraiment arrivé… On y est sans y être, en somme.

Le GR ne va pas jusqu’à l’esplanade de l’hôtel mais descend dans les pistes.
Je fais une dernière pause. Il ne me reste qu’un demi-litre d’eau, mais je ferai avec, tant pis.
La descente continue dans les bois, et je suis impressionné de voir que l’herbe a été coupée des deux côtés du sentier, sur une bande d’un mètre, et ce, sur des centaines de mètres de longueur. Ça bosse sacrément, les cantonniers, en montagne !
En revanche, je pensais que le GR prenait le chemin de la crémaillère, ce qui n’est pas le cas, et qu’il passait sous le télécabine, ce qui n’est pas le cas non plus. Il reste sur le versant Nord. La descente en sous-bois est agréable, mais cela ne la rend pas intéressante pour autant, car on ne voit rien.
Le GPS arrive à 41,196 km. Mais le temps de marche est de 9h38, donc plus que la veille. Et moi qui fanfaronnais dans ma tête en disant que je battrais forcément mon record du marathon ! Ceci étant, il y a plus de dénivelé encore que la veille, donc la performance est sans doute là quand même.

Les derniers moments de descente sont les plus longs, car l’impression de ne jamais arriver est à son paroxysme. J’enchaîne les zigzags le long de la conduite forcée de la centrale électrique, et enfin, j’aperçois les toits d’ardoise grise de la ville en contrebas.
Quand 20h sonnent à l’église, je suis déjà dans les rues de Luchon.
450 km de plat et 24 km de montée plus loin que le Casino d’Hendaye, ce soir, je pourrai aller à celui de la Reine des Pyrénées !
Pour l’heure, j’abandonne le GR pour aller vers le centre-ville. Ce n’est qu’un au-revoir, je reviendrai au même endroit pour repartir sur la deuxième moitié.

Dans la salle de bains, je croise la balance. Ma dernière pesée date du 10 juillet, sur ce même engin, à 78 Kg.
Au soir du GR, le couperet tombe : l’aiguille n’atteint que très péniblement les 70 Kg, si je bouge un peu.
Et en effet, le type que j’aperçois dans la glace, outre le fait qu’il est barbu comme jamais, est une version un peu svelte de moi !
Qu’à cela ne tienne, je lance immédiatement un plan pour remédier à cela : après l’incontournable pinte de bière pour fêter l’arrivée (dommage cependant de n’avoir personne avec qui trinquer), je prends à nouveau deux plats : une salade César version XXL, et une entrecôte / frites !

Et comme tous les soirs, je vais ensuite m’effondrer. Demain, le réveil sonnera plus tôt que jamais, car j’ai décidé de rentrer à Toulouse par le premier bus , qui part à 6h15.

Je m’endors heureux.
L’aventure s’est bien passée. Hormis quelques péripéties et une étape de complot météo, j’ai eu un très beau temps au fil des 13 jours, j’ai fait les étapes comme je l’avais prévu, et je me suis régalé.

Vivement la suite !

Luchon

Terminus, tout le monde descend !

L’hébergement : Home Sweet Home

Retour en terrain connu. C’est bon aussi de retrouver une grande salle de bain, un bon lit, et tout ça rien que pour soi !
C’est d’ailleurs l’un des nombreux intérêts des voyages : celui d’apprécier à nouveau à sa juste valeur tout le confort du domicile, auquel on s’habitue tellement vite.


La suite

Les étapes de la seconde moitié (Est)

3 reflexions sur “Étape 13 : Azet / Luchon

  1. gil

    bravo et merci pour ton partage ,je fait une partie du GR10 de Etsaut à Luchon fin juin 2019 j espère avoir beau-temps , j aimerais bien te demander quelques renseignement sur les points de ravitaillement nourriture sur cette partie , bye bye gilles

    1. fK Auteur de l'article

      Pas de problème : sur où en particulier ?
      De manière générale, je dînais le soir à l’hébergement, et je demandais un pique-nique pour le lendemain midi. Donc j’ai peu acheté de nourriture en route. Voir dans les articles, je raconte un peu ce que je mangeais et quand. Mais si certains endroits en particulier t’intéresse, je peux rechercher dans mes notes et archives.

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